Budget étudiant. Dans la poche (sérrée) des apprentis

On présente souvent l’alternance comme le moyen d’étudier tout en étant autonome financièrement. Mais le budget s’avère très serré.

Elena R. étudiante en 4e année à l’EIML Paris, école de marketing du luxe
Elena R. étudiante en 4e année à l’EIML Paris, école de marketing du luxe

    Elle est étudiante à Paris, dans le domaine du luxe ; il l’est à Reims, dans celui de la communication. Pas le même coût de la vie dans les deux villes, ni la même exigence de la part des potentiels recruteurs.

    « Dans le luxe, où il faut bien présenter en toute occasion, il est évident que vous devez prévoir un budget vêtements en conséquence », pointe Éléna R., étudiante en 4e année à l’EIML Paris, école de marketing du luxe. À ceci s’ajoute, pour cette Nantaise d’origine, la « découverte » des prix immobiliers parisiens. « Avec un appartement à plus de 1 000 € de loyer que vous mettez d’ailleurs des mois à trouver, que reste-t-il de votre salaire d’apprenti ? » Rien, effectivement, et Éléna le sait bien : « Sans l’aide de mes parents, je ne pourrais tout simplement pas étudier et habiter ici. »

    Limites du modèle de l'alternance

    Évidemment, l'alternance possède de nombreux atouts financiers. D'abord, elle évite à nos deux étudiants de payer des frais de scolarité de l'ordre de 10 000 € par an. Elle leur donne aussi une rémunération, variable selon l'âge et le niveau d'études. Un bel avantage qu'il faut nuancer, précise Cédric B., en master 1 à l'école de communication Esupcom, à Reims : « Les études en alternance ne vous laissent aucun temps libre pour avoir un job ou un complément de salaire. » Pour lui, difficile de se dire autonome financièrement. Car si l'immobilier rémois est moins onéreux que le parisien, il ne peut toujours pas habiter seul. « Je vis encore chez mes parents, près de Château-Thierry », confie-t-il. Des parents qui, également mis à contribution par ses deux sœurs, l'aident déjà au maximum de leurs possibilités.

    « Pour ma mission à l’ARS (Agence régionale de santé), je suis rémunéré à hauteur de 1 083 € par mois. C’est très bien, par rapport aux étudiants qui ne touchent rien, mais les dépenses à intégrer sont nombreuses. » De chez lui à la gare, Cédric doit prendre la voiture. Budget essence : près de 200 € par mois. Puis il prend le train jusqu’à Reims, avec un abonnement à 75 € mensuel. Des dépenses auxquelles s’ajoutent une assurance santé (et voiture), des abonnements téléphone et internet et « toutes les dépenses normales pour un jeune d’une vingtaine d’années », conclut Cédric. Pour sa situation actuelle, la rémunération lui va bien. De là à « rêver » d’habiter seul avant la fin de ses études, il y a un fossé.

    En alternance, pas le temps de dépenser

    Pourtant, les deux apprentis sourient : cette année Covid, si éprouvante, leur a au moins évité de dépenser. « Bars et restaurants fermés, pas de soirées, c’est radical pour économiser », assure Cédric. Quant à Éléna, travailler la plupart du temps sur Zoom ou Teams « limite le budget vêtements aux tops et chemisiers ! »

    Bientôt pourtant, tous deux espèrent pouvoir sortir et dépenser… Ce qui, dans leurs régions respectives, ne leur coûtera pas le même prix. « Ce ne serait pas injuste de moduler la rémunération selon la ville où vous habitez », tente Éléna, en s’imaginant le niveau de vie qui serait le sien si elle était à Nantes. Heureusement, si l’on peut dire, nos alternants n’ont pas beaucoup de temps pour dépenser leur salaire. « Mes journées commencent à 6 heures et se terminent à 20 heures, quand il n’y a pas d’examen à préparer. Donc, très franchement, je ne sais pas quand je pourrais dépenser plus… » songe Cédric, en n’oubliant jamais une chose : « Sans l’alternance, je n’aurais pas pu poursuivre aussi loin mes études. » Un point important à rappeler. N.C. n

    Le chiffre :

    74 % des étudiants ont rencontré des difficultés financières en 2020

    Source : Fage (Fédération des associations générales étudiantes)– Ipsos, 2020

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