Sélection, orientation forcée, cours à distance... ce qui attend les futurs étudiants

Les groupes de travail sur l’enseignement supérieur remettent aujourd’hui leurs rapports à la ministre. Si la question de la sélection reste à trancher, le consensus se dégage sur plusieurs points.

PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/XAVIER DE FENOYL
PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/XAVIER DE FENOYL

    Après pas moins de 55 réunions en un mois, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, va recevoir aujourd’hui la synthèse des propositions de onze groupes de travail réunissant experts, professeurs, parents et étudiants.

    Leur mission un peu impossible : trouver comment réformer l’accès aux études supérieures, désengorger les filières surchargées et améliorer la réussite des étudiants à la fac car, actuellement, ils ne sont que 40 % à décrocher leur licence, en trois ou quatre ans.

    A lire les rapports, dont nous avons pu consulter plusieurs chapitres avant leur présentation, le miracle n’a pas eu lieu : la question centrale de la sélection, ou pas, des élèves à l’entrée de l’université n’est toujours pas tranchée. Sur ce point, « les vraies négociations commencent maintenant, avec le ministère », souffle un expert.

    Abandon de l’orientation forcée

    Une piste, figurant au menu du groupe de travail 4, a été tout bonnement retoquée par les participants tant elle était explosive. Il s'agissait de permettre aux universités et aux conseils de classe d'orienter eux-mêmes les lycéens, en ne leur laissant le choix qu'entre « trois propositions » établies en fonction de leur dossier scolaire et des places disponibles dans leur région. Avant d'être mis de côté, le sujet a occasionné des débats « plutôt rock'n'roll », confie un membre du groupe de travail 4. « Les clivages sur le choix final laissé ou non à l'étudiant restent forts », constate de son côté le groupe 2 dans son rapport.

    Cours magistraux à distance

    D'autres propositions semblent en revanche faire consensus : travailler « dès la 2 de » sur l'orientation pour que les jeunes connaissent mieux les filières où ils s'engagent, développer les cours magistraux « en ligne » à distance pour régler le problème des amphis trop petits, ou bien imposer à toutes les écoles délivrant un diplôme reconnu par l'Etat de recruter leurs élèves sur la même plate-forme. Jusqu'à cette année, 15 % des écoles ne figuraient pas sur le logiciel Admission post-bac. C'est en partie ce qui a contribué à engorger le système, avec des listes d'attente interminables d'élèves gardant sous le coude une proposition d'admission sur APB en attendant des réponses en dehors.

    Davantage de places en BTS et en IUT

    Fort logiquement, les groupes de travail suggèrent aussi, pour régler le problème du nombre de candidats, d'augmenter en conséquence le nombre de places disponibles. En particulier dans les BTS et les IUT, ces formations sélectives de deux ans, normalement conçues pour les élèves de bacs professionnels et technologiques, mais de plus en plus prises d'assaut par les jeunes de bacs généraux. Pour réformer ces classes, il est aussi question « d'avoir des quotas minimum et maximum selon les différentes filières ».

    Rallonge budgétaire obligatoire

    Mais augmenter le nombre de places, en fac ou en BTS, implique de mettre la main au portefeuille. Actuellement, malgré deux rallonges budgétaires, de 850 M€ en 2017 et de 700 M€ pour 2018, une quinzaine d’universités affichent, selon la Cour des comptes, une situation financière « dégradée » ou « très dégradée ».

    Le nouveau nom d'APB ? "Réussis ton avenir"

    Réussis ton avenir sera-t-il le nouveau nom de feu Admission post-bac ? C'est en tout cas ainsi qu'est baptisée, dans un document de travail, la future plate-forme qu'utiliseront dès cette année les élèves de terminale pour s'inscrire à l'université, en BTS, en classe prépa ou encore dans des écoles postbac. Considérant qu'APB charrie trop de mauvais souvenirs, la ministre avait annoncé à la rentrée que la réforme de l'accès au supérieur allait s'accompagner d'un changement de nom. Réussis ton avenir, proposé par un participant selon le ministère, est apparu dans au moins un document confidentiel remis aux différents groupes de travail. « Franchement, ce n'est pas très heureux, réagit Jimmy Losfeld, porte-parole de la principale organisation étudiante, la Fage. Cela donne l'impression que ceux qui ne font pas d'études ratent leur avenir… » Le nom définitif, à ce jour, n'a pas encore été arrêté.

    Christelle Brigaudeau

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