Parcoursup + Covid-19 : témoignages d'étudiants «livrés à eux-mêmes»

L'épidémie de Covid-19 impose une orientation à distance peu enthousiasmante pour les élèves déjà stressé par leur avenir en général.

Les lycéens de Terminale qui veulent entamer des études supérieures et les étudiants en réorientation vont pouvoir inscrire leurs vœux sur Parcoursup à partir de mercredi.
Les lycéens de Terminale qui veulent entamer des études supérieures et les étudiants en réorientation vont pouvoir inscrire leurs vœux sur Parcoursup à partir de mercredi.

    Annulation des salons et des journées portes ouvertes, isolement des lycéens et manque de communication… Pour beaucoup d’élèves, s’orienter sur Parcoursup s’annonce déjà comme un parcours semé d’embûches. Témoignages.

    Par Marie Campistron

    Chacun en conviendra, l'époque invite difficilement à se projeter dans l'avenir. Mais crise sanitaire ou pas, les futurs bacheliers et les étudiants en réorientation peuvent, dès ce mercredi, inscrire leurs vœux sur la plateforme d'admission post-bac Parcoursup. Les élèves auront jusqu'au 11 mars pour mûrir leurs réflexions, se projeter tant bien que mal et classer leurs vœux. Mais pour beaucoup, l'étape n'a rien d'évident, alors même que les salons et les journées portes ouvertes d'habitude organisées dans les établissements ont été annulés.

    Si comme chaque année, beaucoup d'élèves craignent de ne pas voir leurs vœux d'orientation acceptés, la plupart redoutent surtout une entrée sur le marché du travail qui s'annonce chaotique. Depuis quelques mois, Walid peine à trouver le sommeil lorsqu'il réfléchit à son avenir. « C'est un stress qui ne me quitte pas. Car je sais que mon futur va se jouer maintenant et je suis encore dans le flou total », souffle-t-il au téléphone. Inscrit en lycée technologique à Blois, le lycéen de 18 ans dispose de deux heures par semaine pour « réfléchir à son orientation ». « J'ai bien quelques idées, mais rien de concret. Je n'arrive tout simplement pas à me projeter », se désole-t-il.

    Si le lycéen pourrait prendre rendez-vous avec un conseiller d'orientation pour parler de ses envies, il avoue pour l'instant ne pas vouloir le faire. « Je suis en semi-présentiel depuis maintenant deux mois. Se voir moins souvent complique les échanges et les rend moins naturels, même avec notre professeur principal », juge-t-il, avant d'ajouter : « pour m'aider, il faudrait qu'on vienne un peu me chercher sinon… ».

    « Personne nous parle de nos envies »

    Walid n'est pas le seul à se montrer désemparé face à son avenir. Comme lui, Anaïs avoue « être encore perdue dans ses choix ». Cette lycéenne de 17 ans a bien une envie « depuis toute petite », celle d'intégrer des études de médecine, comme son frère. Le contexte actuel n'y est aussi pas pour rien. « En voyant les soignants dépassés par le virus, je me suis dit qu'il fallait qu'on les aide! Mais avec la réforme de la PACES, il faut que je voie encore si la filière est envisageable pour moi. Ce n'est pas encore très clair… », explique la lycéenne originaire de Chartres.

    Dans sa classe, évoquer Parcoursup et son orientation est tout sauf une priorité.

    « Même si on est revenus en présentiel, les profs n'ont pas le temps de faire du cas par cas. L'un d'entre eux nous a même dit qu'il devait foncer pour boucler le programme si jamais on se retrouvait à nouveau confinés ». Quelques semaines avant l'ouverture de Parcoursup, un « petit guide » expliquant le fonctionnement de la plateforme a bien été distribué aux élèves. Pas de quoi rassurer les plus anxieux. « On nous aide pour le côté administratif, mais personne nous parle de nos envies. On peut dire qu'on est livrés à nous-mêmes… », résume-t-elle.

    Voulant prendre les devants, la lycéenne est passée il y a quelques mois par la plateforme StudyAdvisor, mettant en contact des futurs bacheliers et des étudiants. L'élève en quête de conseils sur son orientation sélectionne le secteur qui l'intéresse avant d'entrer en relation avec des étudiants de la filière choisie. « Comme j'étais perdue au début, j'ai eu des entretiens avec des élèves de Sciences-po, de droit, de médecine… Tu leur poses des questions et ils te racontent sincèrement comment ça se passe pour eux. Cela te permet de te faire une bonne idée de ce qui te plairait. Au final, ces échanges m'ont plus apporté que le fait d'aller dans un salon impersonnel », soutient-elle.

    « Trouver un travail là va être compliqué alors autant continuer mes études »

    Faute de mieux, certains élèves misent encore sur les journées « portes ouvertes virtuelles » qu'organisent certaines écoles. Parmi eux, Margaux, 20 ans, étudiante en deuxième année de BTS Architecture. Si elle s'apprête d'ici quelques mois à obtenir son diplôme, la jeune femme n'a plus aucune envie de faire son entrée sur le marché de l'emploi. « Je voudrais me réorienter en psychologie, j'ai toujours eu cette envie dans un coin de la tête. Trouver un travail là va être compliqué alors autant continuer mes études, quitte à faire autre chose », remarque-t-elle.

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    La jeune femme qui aurait préféré arpenter elle-même les couloirs de sa future université, se tiendra finalement devant son ordinateur, lors d'une journée de présentation virtuelle de sa filière. « J'aurais aimé rencontrer des professeurs, échanger avec les élèves et m'imprégner un peu de l'ambiance. Là, je vais être assise toute la journée à écouter une simple description de la licence. On ne pourra même pas poser de questions alors que j'en ai des tas ! Je risque évidemment de me sentir frustrée… ».

    Pour certains plus chanceux, l'orientation se décide aussi avec l'aide de la famille et de l'entourage. Lou, 17 ans, a toujours voulu travailler dans l'éducation, comme sa mère. Dans l'idéal, elle aimerait enseigner les lettres classiques au lycée. « En faisant ce choix, je sais que je ne gagnerai pas énormément, mais je suis quasi sûre de trouver un travail, ce qui n'est pas négligeable aujourd'hui », note-elle.

    « On se dit que notre bac n'aura pas de valeur »

    Entourée et motivée, la jeune fille s'était déjà rendue l'année dernière à plusieurs salons. Cette semaine, elle compte peaufiner ses lettres de motivations pour intégrer des « prépas littéraires à Paris ou des doubles diplômes Sciences-po ». Si elle reconnaît avoir eu de « la chance » grâce à son entourage qui la guide, la période ne l'empêche pas d'être aussi angoissée.

    « Aller sur une plateforme pour se choisir un avenir est forcément anxiogène, surtout vu l'époque. On se dit aussi que notre bac n'aura pas de valeur, qu'on sera pénalisés… Mais cette période est aussi l'occasion de prendre conscience des difficultés que les jeunes rencontrent pour trouver leur voie. À l'avenir, je crois que cela ne pourra tendre que vers des améliorations pour les générations prochaines », conclut-elle, optimiste.

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